Tout est dis, merci gens intelligents, non corruptibles et qui ne sont pas à la botte de cette "bien-pensance" qui censure la raison.
Est-il justifié et souhaitable de conférer à des enfants
et à des adolescents le droit, à partir de leur seul “ressenti”, de changer de
genre?
Il y a aujourd’hui de plus en plus de jeunes - adolescents
mais aussi enfants - qui disent “ressentir” ne pas être en adéquation avec leur
sexe anatomique. Est-ce “aimer” un enfant ou un adolescent, est-ce assumer
notre responsabilité d’adultes à son égard, que de lui reconnaître d’emblée et
sans condition la capacité et le pouvoir de s’autodéterminer?
Contribution externe
Publié le 07-07-2022 à 09h46 - Mis à jour
le 07-07-2022 à 09h55
©Blaise Dehon
Une carte blanche du Dr Jean-Pierre Lebrun, psychiatre et
psychanalyste ; du Pr Alain Eraly, professeur émérite de sociologie à l’ULB ;
du Dr Beryl Koener, pédopsychiatre et d'autres signataires (voir la liste
complète ci-dessous)
Il y a aujourd’hui de plus en plus de jeunes - adolescents
mais aussi enfants - qui disent “ressentir” ne pas être en adéquation avec leur
sexe anatomique ; à ce titre, on les appelle “dysphoriques de genre” ou
“transgenres”; certains veulent s’habiller et se faire prénommer selon leur
genre d’élection, y compris à l’école, mais aussi avoir droit à une réponse
médicale, pouvant aller jusqu’à la thérapie hormonale, et plus tard
chirurgicale.
Le plus étonnant, c’est qu’une telle demande soit prise à la
lettre, comme s’il allait de soi qu’il faille d’emblée y répondre positivement.
Autrement dit, le “ressenti” individuel devrait faire autorité. Ne sont dès
lors plus pris en compte ni la réalité du corps déterminé génétiquement, qui
pourtant restera irréductible même si on en modifie l’apparence, ni la
collectivité via notamment les autres enfants et adolescents ; ainsi, par
exemple, le heurt que pourra représenter l’exigence d’un condisciple trans, à savoir
concrètement le désarroi d’une fillette de 9 ans qui ne comprendra pas
pourquoi, aux douches de la gym, elle est à côté de Julien, tout nu qui
s’affirme fille.
Est ainsi passée sous silence la question pourtant centrale
de la légitimité d’une telle demande : est-il justifié et souhaitable de
conférer à des enfants et à des adolescents le droit, à partir de leur seul
“ressenti”, de changer de genre ?
Tout le monde sait qu’à ce moment de sa vie, l’adolescent,
voire l’enfant, aura à se situer par rapport à son identité sexuée. C’est le
temps où il est nécessaire que le jeune rencontre des adultes qui assument une
éventuelle confrontation, condition même de la construction de l’autonomie.
Est-ce “aimer” un enfant ou un adolescent, est-ce assumer
notre responsabilité d’adultes à son égard, que de lui reconnaître d’emblée et
sans condition la capacité et le pouvoir de s’autodéterminer ? N’est-ce pas
plutôt laisser ainsi libre cours à sa toute-puissance et ouvrir la voie à
devoir entériner n’importe quelle revendication individuelle?
Certains placent la demande de l’enfant qui s’affirme
“transgenre” sur le même pied que “l’orientation homosexuelle”. Il ne s’agit
pourtant pas de la même chose. Il y a une différence radicale entre une
attirance vécue dans la réalité de son corps et le fait de vouloir changer de
genre à partir de sa seule conviction.
Aujourd’hui, les “thérapies de conversion” - qui visent à
re-normaliser sont légitimement frappées d’interdiction. Dans le cas de
l’orientation homosexuelle, cette interdiction ne pose aucun problème. En
revanche, il ne faudrait pas qu’au nom de cette interdiction, soit désormais
condamnable le simple fait de prêter oreille au questionnement d’un jeune sur
son identité sexuée et sur l’opportunité et les risques d’en passer par un
traitement hormonal, voire chirurgical.
Par ailleurs, pour justifier une telle prise en charge
médicale, il est souvent invoqué la souffrance de l’enfant qui ne serait pas
reconnu dans sa conviction intime. Mais n’instrumentalise-t-on pas le jeune en
brandissant envers et contre tout le spectre d’une conviction intime réprimée ?
Ne devrions-nous pas plutôt nous demander comment il se fait qu’une telle
conviction soit devenue aussi fréquente en aussi peu de temps? N’est-on pas en
droit de faire l’hypothèse qu’on a créé une soi-disant conviction à la mode,
mais qui serait alors surtout un effet de suggestion contagieuse pour une
partie des jeunes qui s’affirment transgenres ? Quelle est la part d’autonomie
propre et la part d’influence et de pression des jeunes entre eux dans la
formation de cette conviction intime? Quel est le rôle des réseaux sociaux ? Et
celui des associations militantes?
Pour des traitements hormonaux inaccessibles aux
adolescents
La question fondamentale reste bel et bien celle-ci : un
enfant souffre-t-il de ne pas obtenir ce qu’il veut, ou souffre-t-il de ne pas
avoir été préparé à supporter de ne pas avoir tout ce qu’il veut?
Un tel questionnement pourtant essentiel est hélas aussitôt
battu en brèche par ceux qu’il faut bien appeler des prosélytes de la cause
accusant immédiatement quiconque pose de telles questions, d’être transphobe,
si pas pire encore.
Dans un autre ordre d’idées, comment se fait-il qu’en
Belgique, considérée comme l’un des pays les plus démocratiques au monde, la
majorité des citoyens n’ait pas eu voix au chapitre ? Alors que devraient se
poser quelques questions pour le moins pertinentes, même si elles sont
embarrassantes. Par exemple, prenons-nous la mesure des effets que ces
éventuels changements de genre pourront avoir sur les corps de ceux qui le
souhaitent : irréversibilité de certaines pratiques hormonales, voire
chirurgicales (question à ne pas poser puisque que tout serait soi-disant
réversible, ce qui est inexact) ; soumission du corps à une dépendance
hormonale permanente avec ses conséquences délétères ; embarras lors des
compétitions sportives : où ira celui ou celle qui se serait déclaré(e) de
l’autre genre ; qu’implique de contraindre une école à appeler Julie celui qui
s’est jusque-là appelé Julien ?
Bref, comment encore faire société si la conviction intime
de chacun doit ainsi prévaloir ? Au nom de quoi la carte d’identité
devrait-elle céder devant une identité désormais à la carte? Et jusqu’où ce
processus pourra-t-il aller ? Si demain, un adolescent veut changer de parents
parce qu’il a honte des siens, va-t-on l’y autoriser au nom de sa souffrance ?
Il s’avère aussi important que les autorités politiques ne
cèdent pas face aux exigences de lobbies en la matière. Rappelons cependant que
reconnaître la pertinence à l’individualité de chacun ne peut se penser hors le
maintien d’une articulation avec la collectivité, ceci contrairement à ce que
soutient l’idéologie néolibérale pour laquelle il n’y aurait que des individus
définis par leurs droits et par leurs intérêts.
Mais c’est l’intimidation que rencontre celui qui ose encore
poser les questions pertinentes. Le formatage de ce “politiquement correct”
peut ainsi empêcher toute remise en question des prémisses erronées sur
lesquelles s’est fondée cette idéologie.
Les signataires de ces quelques lignes souhaitent simplement
que ces questions essentielles soient débattues rationnellement, c’est à dire
en questionnant les a priori idéologiques et anthropologiques sous-jacents aux
différentes positions en présence. Par ailleurs, ils considèrent que les
traitements hormonaux et chirurgicaux propres aux changements de sexe devraient
rester inaccessibles aux enfants et aux adolescents.
La liste complète de signataires :
Ce texte est signé par Dr Dechêne Sophie, pédopsychiatre;
Dr Einaudi Nicole, pédopsychiatre; Pr Eraly Alain, professeur émérite de
sociologie ULB; Pr Hayez Jean-Yves, professeur émérite de pédopychiatrie,
UCLouvain; Mme Jongen Catherine, sexothérapeute, thérapeute de couple et
d’adolescents; Dr Koener Beryl, pédopsychiatre; Dr Lebrun Jean-Pierre,
psychiatre et psychanalyste, président de la Ligue Wallonne pour la santé
Mentale; Pr Marchal Pierre, psychanalyste et professeur émérite de philosophie
UCLouvain; Pr Renchon Jean-Louis, professeur émérite de droit de la famille
UCLouvain et Université Saint Louis - Bruxelles; Mr Turine Francis, ancien
directeur d’un hôpital psychiatrique pour enfants.
Ce texte a aussi été cosigné par plus de 200 signataires
belges, certains membres de “La Petite Sirène”, observatoire des discours
idéologiques sur l’enfant et l’adolescent constitué à Paris. Infos: www.observatoirepetitesirene.org
et lapetitesirenedebelgique@hotmail.com
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